vendredi 11 novembre 2011

Moutons cherchent acheteurs





vendredi 11, voilà déjà 4 jours que la Tabaski ou fête du mouton est passée. Et pourtant, les villes sont toujours remplies de moutons. Vendeurs et troupeaux sont présents dans les différents espaces à la recherche de clients. Qu'est-ce qui se passe? lou khew?

Qui l'aurait cru? 2011 restera dans les mémoires. Des milliers de moutons en rade à travers Dakar et les autres villes du Sénégal. C'est la veille de la fête que j'ai eu echo de na nouvelle et je suis parti au forail pour vérifier. Quelle fut ma surprise en voyant des cars de transport chargeaient des moutons pour les retourner en campagne. Nous sommes retournés aujourd'hui pour rencontrer ces vendeurs, éleveurs afin de trouver la réponse à notre question.

Cap sur la patte d'oie aux alentours du Stade Léopold Sédar Senghor. Sur place, nous trouvons le vieux Cheikhou Niang en train de nettoyer son espace. Une cinquantaine de moutons autours de lui. Il nous dit qu'une situation pareille n'était pas arrivée depuis 16 ans. D'après lui, les gens ont acheté avant et il y a un réel engouement pour l'élevage ovin depuis peu dans le pays. Les dakarois élèvent de plus en p lus à domicile.

A présent que la fête est passée, il attend le retour des pèlerins de la Mecque. Ces derniers achètent souvent des moutons à leur arrivée. Mais pas question de brader. Autre remarque, les nouveaux acheteurs ne sont intéressés que par les petits moutons pour élevage. Aussi pour vendre, Vieux Niang vend le couple mère-enfant pour s'en sortir. Sur ces paroles, passe un jeune homme avec un petit mouton. Je l'interrogeai et il confirma, il venait de l'acheter à 30 000 F CFA afin de l'élever chez lui.

Plus loin, Pap Gueye nous accueillait. Pour lui, les gens se sont déplacés jusqu'en campagne pour acheter. Tache dévolue d'habitude aux commerçants. Sur place, ils achetaient à un prix supérieur que celui des commerçants. Résultat : les commerçants ne vendaient point. D'un autre côté, les espaces de vente étaient dispersés cette année. Ce qui donnait l'impression d'un manque de moutons alors qu'il y en avait à gogo. Enfin, les vendeurs ont exagéré avec des prix prohibitifs.

Sur la route, nous rencontrons deux hommes avec un mouton acheté fraichement à 35 000 F CFA pour l'élever. Selon eux les animaux élevés à domicile ont un meilleur embonpoint que ceux des commerçants ou éleveurs de la campagnes. D'où l'engouement pour l'élevage de moutons.

Juste après une femme nous disait que cette année était celle du réalisme. Vivre selon ses moyens et éviter les folies de grandeur en achetant des béliers chers. Aussi les grands moutons n'ont pas trouvé preneurs.

Alioune Sow, un nomade indiqua que c'est la presse qui a faussé le jeu. En effet, les radios avaient annoncé des risques de manque de moutons. Ce qui a poussé les gens à aller très tôt se ravitailler. Or, d'après lui, le Sénégal compte un gros cheptel. Il serait même auto-suffisant en la matière ( propos qui confirment ceux du ministre de l'élevage sur la taille de notre cheptel). Si l'on rajoute les arrivées des moutons maliens et mauritaniens, il y a forcèment surplus. Originaire de Darou Mousty dans le centre ouest, il nous renseigne sur les difficultés qu'ils rencontrent dans leur contrée. Le manque d'eau et de paturages avec des espaces de plus en plus destinés à l'agro-business et aux forêts classées. Pour ce faire, il milite pour une concertation des acteurs, et une communication des services vétérinaires qu'ils ne voient que rarement. A Dakar, c'est le coût du transport (500000 F CFA pour acheminer quelques 120 moutons), le foin (3500 F le sac), les aliments et l'eau qui sont pointés du doigt.

Enfin ils nous a remercié pour l'initiative et nous a invité à leur village afin de voir de visu comment ils se battent au quotidien pour mener des troupeaux qui peuvent aller jusqu'à 300 têtes.

Dakar n'est pas la seule dans cet état. Les autres villes vivent pareil situation. A Rufisque et Sandiara, après Mbour le constat était le même. Idem à Saint-Louis où les services de l'élevage ont noté plus de 3000 moutons en rade.

Espérons qu'ils trouveront acheteurs...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire